Bootleg - Les flibustiers du disque de Alain Gaschet

Bootleg - Les flibustiers du disque de Alain Gaschet aux éditions Florent Massot.




Bootleg : œuvre musicale piratée. Bien avant l’invention de Internet et la mise en place d’Hadopi, la musique était déjà piratée. Alain Gaschet était l’un de ces pirates. Il est nécessaire de préciser une chose : les pirates ne peuvent pas être assimilés à des artisans de la contrefaçon car ce qu’ils proposent n’est pas vendu sur le marché. La contrefaçon consiste à vendre une copie illégale d’un produit déjà en vente de manière légale. Le bootleger propose un produit qui n’a pas d’existence légale, et vend des enregistrements, live ou enregistrements de studio, qui n’ont pas été mis officiellement sur le marché. Ce documentaire qui se lit comme un polar, c'est la passionnante épopée de flibustiers du disque, jusqu'alors connue de quelques rares initiés en France, qui nous est révélée.

Alain Gaschet a été condamné à un an de prison avec sursis. Son crime? Avoir, pendant des années, fait profiter les passionnés de musique d'enregistrements, certes illégaux, mais qui n'auraient jamais existé sans lui. Des concerts, des chutes de studio, des sessions qui ne sont jamais sorties, bref, tout ce que les maisons de disques n'ont pas jugé nécessaire de publier car n'intéressant qu'un nombre très limité de fans et de collectionneurs, enregistrements pirates que Gaschet considère comme faisant partie intégrante de la culture musicale. Bandes oubliées ressorties des archives où elles auraient bien failli disparaitre à tout jamais si personne n'avait eu le soucis de les y exhumer, concerts mythiques enregistrés par quelques petits malins équipé de son magnéto et de son micro peint en noir pour être moins repérable, album sauvé in-extremis d'un pilori auquel il était promis... 
Voila bien le genre de documents sonores dont peuvent rêver tous les fans qui ont déjà tout les albums officiels de leur artiste préféré. Bien loin d'empiéter sur les plate-bandes des insatiables maisons de disque vénales et capitalistes, les bootlegers ne font que vivre et partager leur passion à ceux qui ne peuvent se contenter du matériel en vente libre. Quand on voit qu'aujourd'hui les maisons de disques elles-mêmes, dans un soucis de grappiller le moindre centime tant qu'il est encore temps, n'hésitent pas à commercialiser, de façon officielle, des bandes dont le pire des bootlegers ne voudrait pas, et qu'à l'heure où n'importe qui peut, avec un simple téléphone portable, faire partager n'importe quel concert instantanément aux 4 coins du monde, ce livre distille un certain parfum de nostalgie à ceux qui ont, un jour ou l'autre, jeté une oreille curieuse sur un enregistrement à peine audible de son groupe fétiche. Pour les plus jeunes qui n'ont pas connu l'époque glorieuse des vinyles colorés et autres coffrets luxueux, ils découvriront un monde de raretés, Do It Yourself de fond de cave.

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